Prix Goncourt 2024
Toute la sélection :
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Un amour infini
de Ghislaine Dunant
Albin Michel, 2025, 170 p.
Ce roman installe le lecteur au cœur d'une rencontre de trois jours sur l'île de Ténérife, en juin 1964, prévue mais bouleversée par un événement tragique, entre un astrophysicien d'origine hongroise qui a dû fuir l'Europe et s'exiler aux États-Unis et une mère de famille française. Alors que rien ne devrait les rapprocher, leurs conversations sur leurs passés distincts et l'exploration de l'île vont les ouvrir profondément l'un à l'autre. Le ciel, l'univers, l'histoire de la Terre... Les sujets de l'astrophysicien rejoignent la sensibilité de celle qui a observé le mystère de la toute petite enfance et a toujours eu une approche sensitive des êtres. Leur désir réciproque va s'accompagner de la puissance des éléments qui les entourent.
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Kolkhoze
de Emmanuel Carrère
POL, 2025, 558 p.
Au lendemain de la Deuxième guerre mondiale, un jeune bourgeois bordelais rencontre une jeune fille pauvre, apatride, fille d’une aristocrate germano-russe ruinée et d’un Géorgien bipolaire, disparu et certainement fusillé à la Libération. Il devine, en l’épousant, qu’il s’engage dans tout autre chose que l’union paisible avec la jeune bourgeoise bordelaise à laquelle il était promis. Mais il n’imagine pas à quel point, ni quel destin romanesque et quelle somme d’épreuves l’attendent au cours des soixante-et-onze ans de son mariage avec Hélène Zourabichvili, qui deviendra sous son nom à lui, Carrère d’Encausse, spécialiste internationalement reconnue de la Russie (mais aussi de l’épizootie du mouton en Ouzbékistan), familière du Kremlin et de ses maîtres successifs, secrétaire perpétuelle de l’Académie française, ni qu’avant de mourir lui-même - « 147 jours après elle et, à mon avis, de chagrin », écrit Emmanuel Carrère - il assistera, dans la cour des Invalides, à ses funérailles nationales.
Kolkhoze est le roman vrai d’une famille sur quatre générations, qui couvre plus d’un siècle d’histoire, russe et française, jusqu’à la guerre en Ukraine. Emmanuel Carrère s’en empare personnellement, avec un art consommé de la narration qui parvient à faire de leur histoire notre histoire.
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La Maison vide
de Laurent Mauvignier
Les éditions de Minuit, 2025, 743 p.
En 1976, mon père a rouvert la maison qu’il avait reçue de sa mère, restée fermée pendant vingt ans. À l’intérieur : un piano, une commode au marbre ébréché, une Légion d’honneur, des photographies sur lesquelles un visage a été découpé aux ciseaux. Une maison peuplée de récits, où se croisent deux guerres mondiales, la vie rurale de la première moitié du vingtième siècle, mais aussi Marguerite, ma grand-mère, sa mère Marie-Ernestine, la mère de celle-ci, et tous les hommes qui ont gravité autour d’elles. Toutes et tous ont marqué la maison et ont été progressivement effacés. J’ai tenté de les ramener à la lumière pour comprendre ce qui a pu être leur histoire, et son ombre portée sur la nôtre.
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Tressaillir
de Maria Pourchet
Editions Stock, 2025, 324 p.
« J’ai coupé un lien avec quelque chose d’aussi étouffant que vital et je ne suis désormais plus branchée sur rien. Ni amour, ni foi, ni médecine. » Une femme est partie. Elle a quitté la maison, défait sa vie. Elle pensait découvrir une liberté neuve mais elle éprouve, prostrée dans une chambre d’hôtel, l’élémentaire supplice de l’arrachement. Et si rompre n’était pas à sa portée ? Si la seule issue au chagrin, c’était revenir ? Car sans un homme à ses côtés, cette femme a peur. Depuis toujours sur le qui-vive, elle a peur. Mais au fond, de quoi ? Dans ce texte du retour aux origines et du retour de la joie, Maria Pourchet entreprend une archéologie de ces terreurs d’enfant qui hantent les adultes. Elle nous transporte au cœur des forêts du Grand Est sur les traces de drames intimes et collectifs.